mercredi 4 juillet 2012

Mon expérience olympique - Pierre Harvey

Aujourd'hui c'est au tour de Pierre Harvey de nous parler de son expérience olympique.

Pierre Harvey est assurément l'athlète le plus complet de l'histoire du Québec, pour ne pas dire du Canada. Il participa à deux reprises aux Jeux olympiques d'été (Montréal et Los Angeles) et aux Jeux olympiques d'hiver (Sarajevo et Calgary), en plus d'être membre de l'équipe canadienne qui devait se rendre à Moscou en 1980.

Sa carrière de cycliste débuta en 1974. L'année suivante, il remporta le Tour de l'Abitibi et fut champion du Québec sur route. Champion canadien en 1976, il termina vingt-quatrième de l'épreuve individuelle sur route aux Jeux olympiques de Montréal. Aux Jeux du Commonwealth d'Edmonton en 1978, il obtint la médaille d'argent de la course sur route et, aux Jeux panaméricains de San Juan en 1979, il récolta l'or au 100 km contre la montre, par équipe.

Pierre Harvey le fondeur, domina la scène canadienne comme jamais personne avant lui. En dix participations aux championnats nationaux, il remporta 31 médailles (22 d'or, 5 d'argent, 4 de bronze). Le 7 mars 1987, il devint le premier Canadien à gagner une épreuve de la Coupe du monde, le 20 km de Falun, en Suède, et il récidiva l'année suivante. Le 19 mars 1988, il finit premier à la centième édition du 50 km d'Holmenkollen en Norvège. Au cours de sa carrière, il remporta trois épreuves de la coupe du monde et fut dans les quinze premiers à six occasions.

Pierre Harvey fut intronisé au Temple de la renommée du Panthéon des sports du Québec (1991). Il est aussi membre du Temple de la renommée du ski canadien (1992), du Temple de la renommée du cyclisme du Québec (1989) et du Temple de la renommée olympique du Canada (2006).

Comment s'est déroulée votre qualification pour les Jeux olympiques d’été? Y a-t-il eu beaucoup d'embûches en cours de route vers votre expérience olympique?

« Aux Jeux olympiques de Montréal en 1976, j’avais 19 ans et j’étais le plus jeune de l’équipe canadienne. À vrai dire, ma sélection olympique a été une belle surprise pour moi. Au printemps 1976, on m’a invité à un camp d’entraînement en Floride, dans le cadre du programme Mission Québec ’76 (NDLR : un programme visant à accroître le nombre d’athlètes Québécois dans l’équipe olympique canadienne en vue des Jeux olympiques de Montréal). Il y avait 12 autres cyclistes québécois plus expérimentés que moi, mais j’ai très bien fait lors de la course de qualification et je me suis retrouvé avec mon billet pour les Jeux. »

« Pour ma qualification pour les Jeux de Los Angeles en 1984, ce fut une situation bien différente. J’avais abandonné le cyclisme après la déception du boycott des Jeux de Moscou en 1980 pour me concentrer sur le ski de fond. J’avais terminé mes études universitaires et j’avais la chance d’obtenir un congé sans solde de mon employeur l’hiver afin concourir sur le circuit de ski nordique. Mais au printemps 1984, la compagnie a fermé ses portes. Alors je me suis laissé tenter par le cyclisme. Ce fut une décision de dernières minute et j’étais dans ma forme de « ski de fond ». La transition entre les deux sports s’est bien passée et je me suis qualifié pour les Jeux de Los Angeles. C’est un concours de circonstances qui m’a pavé la voie pour ces Jeux. »

Quelle est la sensation de participer aux cérémonies d’ouverture?


« Je n’ai pas participé aux cérémonies d’ouvertures en 1976 car dès le lendemain on avait l’épreuve du 100 km sur route contre la montre par équipe alors on a pris la décision de ne pas y participer car une cérémonie d’ouverture peut être très épuisant physiquement pour un athlète. »

« J’ai participé à celle de Los Angeles et ce fut une très belle expérience. Par contre, mon plus beau souvenir d’une cérémonie d’ouverture c’est bien sûr aux Jeux olympiques de  Calgary en 1988, alors que j’ai été choisi pour prêter le serment olympique. J’étais nerveux, mais je m’en suis bien tiré. C’est un grand honneur que de parler au nom des athlètes du monde entier. »

Quel est votre plus beau souvenir et moins beau souvenir des Jeux?

« Parmi mes beaux souvenirs des Jeux d’été, je retiens mon expérience de 1976. Avoir 19 ans et vivre dans un village olympique et voir tous ces athlètes de partout dans le monde à la cafétéria et de les côtoyer au quotidien demeure pour moi un souvenir extraordinaire. J’étais comme un enfant dans un magasin de jouets. Des Jeux de 1984, je retiens cette très grande fierté d’avoir contribué à la médaille d’argent de Steve Bauer ; collectivement (de concert avec mes coéquipiers Louis Garneau et Alain Masson) nous nous sommes épuisés à « tirer » Steve et nous étions tellement fier de son succès. »

« Du côté des déceptions, je ne peux pas passer à côté du boycott canadien des Jeux olympiques de Moscou. On s’entraîne pendant de nombreuses années, on passe par des hauts et on surmonte des bas pour se qualifier pour des Jeux olympiques et se faire priver de son rêve, de sa passion, est un coup très dur à encaisser. »

« Il y a aussi les Jeux de Calgary. J’étais au meilleur de ma forme et d’être devancé par des adversaires qui n’étaient pas très « propres » ça fait mal. Et dire que quelques semaines plus tard, je les ai tous vaincu dans des épreuves de la Coupe du monde en Suède et en Norvège alors que se l’on battait à forces égales. »

Est-ce que des membres de votre famille sont venus vous encourager?

« Dans ma longue carrière olympique, il y a quelque chose qui m’a grandement touché. C’est à Calgary en 1988. Il y avait une très belle initiative de jumeler des parents d’athlètes avec des familles de Calgary. Honnêtement, je ne me souviens plus si c’était uniquement pour les parents des athlètes québécois ou tous les parents des membres de la délégation canadienne. Mais une entreprise payait le billet d’avion aux parents pour assister aux Jeux et ils étaient logés dans des familles. Chaque soir nos parents étaient invités à des repas et pouvaient nous rencontrer. Mes parents ont fait leur plus beau voyage de leur vie. C’était la première fois qu’ils allaient dans l’ouest du pays. »

Comment votre expérience olympique vous a aidé dans votre après-carrière d'athlète?

« Lorsque l’on atteint un niveau élevé en sport, on développe une confiance en soi qui restera toujours avec nous. Notre éthique de travail lors de ces années d’entraînement, on peut l’appliquer dans notre vie professionnelle. Puisque l’on a été des personnalités publiques, je remarque aussi que les gens se sentent en confiance avec nous. Dans notre vie professionnelle, ça nous aide à ouvrir des portes. L’expérience olympique est une carte de visite incroyable ; encore aujourd’hui il y a des personnes qui me disent « c’est toi le gars qui faisait du sport ».

Comment allez-vous vivre les Jeux olympiques de Londres?

« C’est sur que je vais suivre le maximum de compétitions à la télévision. Je m’intéresse à tous les sports, mais je vais avoir à l’œil le 100 mètres hommes, la natation, le cyclisme sur piste, sur route et le vélo de montagne. »

« On est toujours très fier de regarder nos athlètes et nos champions canadiens à l’œuvre. Encore aujourd’hui, il y a des gens que j’ai côtoyé qui seront à Londres avec l’équipe canadienne. Je vais pouvoir communiquer avec eux et partager leurs expériences olympiques de 2012. »

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