samedi 14 juillet 2012

Mon expérience olympique - Jean-Paul Banos

Jean-Paul Banos
Aujourd'hui c’est maintenant au tour de Jean-Paul Banos de nous parler de son expérience olympique.
 
L'un des plus grands sabreurs canadiens, Jean-Paul Banos s'est imposé sur la scène nationale et internationale pendant une vingtaine d'années. En 1977, il prend part au championnat mondial junior à Vienne, en Autriche. En 1980, Jean-Paul remportera son premier championnat canadien junior tout en mettant la main sur le championnat senior. Il sera champion canadien senior à six autres reprises entre 1983 et 1992.
 
Au cours de sa longue carrière, il a participé à quinze championnats du monde, à plusieurs événements de la coupe du monde entre 1978 et 1996 et remporta plusieurs médailles aux Jeux panaméricains et aux championnats du Commonwealth.
 
Jean-Paul Banos fut intronisé au Temple de la renommée du Panthéon des sports du Québec en 2010.
 
Comment s'est déroulée votre qualification pour les Jeux olympiques? Y a-t-il eu beaucoup d'embûches en cours de route vers votre expérience olympique?
 
« Environ six mois avant les Jeux olympiques de Los Angeles, mon frère Jean-Marie et moi avons reçu la confirmation que nous étions officiellement qualifiés. Aussitôt, j'ai appelé mes parents, puis mes amis et on a organisé un bon souper pour souligner ça. Fallait voir l'ambiance et tous les sourires ! Ça faisait presque 10 ans que je m'entraînais à raison de 8-10 entraînements par semaine, environ 20 heures en tout. Comme je n'ai jamais été un lève-tôt, les séances du matin, avant l'école, étaient toujours un peu pénibles mais je m'y suis fait avec le temps. Au début, avant les sélections en équipe nationale, avant l'aide du gouvernement, l'aspect financier était toujours problématique. Il m'a fallu de l'aide et j'ai eu la chance d'avoir l'appui de mes parents et surtout de la ville de Chibougameau et de mon club, là où tout à commencé avec mon entraîneur, Henri Sassine. Il y a eu aussi quelques blessures (beaucoup d'entorses aux chevilles!) ici et là mais rien de bien grave heureusement, sauf à mes derniers Jeux olympiques en 1996 où une hernie discale m'a obligé de me retirer en plein combat. »
 
Quelle est la sensation de participer aux cérémonies d’ouverture?
 
« Lorsqu'on entre dans le stade pour le tour de piste et qu'on entend tous les cris et qu'on sait que plus d'un milliard de téléspectateurs nous regardent dont notre famille, nos amis...ouais, il a des frissons et de la fierté ! En même temps, on pense aux prochains jours, aux derniers préparatifs. On reste un peu dans notre bulle et on apprécie peut-être pas autant le spectacle d'ouverture que tous ceux et celles qui le regardent à la télévision. Il y a une ou des répétitions pour les cérémonies d'ouverture et de fermeture mais les athlètes ne sont pas impliqués, les organisateurs font appel à des figurants. Le jour de l'ouverture, on va au stade tous ensembles, de longues heures avant la cérémonie; il y a beaucoup d'attente et c'est plutôt fatiguant comme journée. Pour cette raison, certains athlètes préfèrent ne pas y participer, surtout ceux qui ont leurs compétitions aux premiers jours des Jeux. »
 
Quel est votre plus beau souvenir et moins beau souvenir des Jeux?
 
« Mon plus beau souvenir c'est assurément les Jeux de Barcelone en 1992. Quelle belle ville et quelle ambiance magnifique avec un village des athlètes sur le bord de la mer,  et mes parents qui avaient réussi à faire le voyage pour nous voir en compétition. J'étais à mon meilleur au niveau sportif, à mon "peak" dans notre jargon. J'avais connu une belle saison avec deux finales (top 8) en coupe du monde et je me sentais en confiance après un dernier camp d'entraînement très positif. Après un premier tour moyen, je me suis retrouvé face au Hongrois Nébald, un des grands sabreurs de ce pays, un ex-champion du monde et toujours parmi les meilleurs. J'ai réussi à l'éliminer et ce fut un de mes plus beaux matchs aux Jeux olympiques. Par la suite je me suis retrouvé devant le Français Daurelle, une de mes bêtes noires de toujours, qui avait un style qui ne m'a jamais bien servi. Un peu dommage, je crois que j'avais les jambes et la tête pour aller loin à Barcelone. »
 
« Ma déception fut mes Jeux olympiques d'Atlanta en 1996. Je me suis très difficilement qualifié pour ces Jeux car j'ai dû composer avec les blessures dont une hernie discale qui m'a tenu à l'écart des pistes d'escrime pendant trois mois...l'année des Jeux. J'ai pu revenir à un niveau acceptable juste avant l'été 96, mais j'étais "juste", je manquais d'entraînement et de masse musculaire. J'ai assez bien commencé la compétition avec une victoire relativement facile dans le tableau des 64. Dans les 32, j'affrontais l'Italien Tarantino, un des favoris pour les médailles.  À 6 a 6 (combat de 15 touches), mon dos a lâché, l'hernie discale a refait surface et...j'ai dû me retirer de la compétition.  Ouais, pas une fin glorieuse ! Il restait l'épreuve par équipe mais, vu ma blessure, j'ai cédé ma place. J'ai dû quitter le village des athlètes pour laisser ma place au remplaçant, une règle un peu absurde du comité olympique, et j'ai donc terminé ces jeux devant la télé, chez moi à Montréal! »
 
Comment était la vie dans le village olympique?
 
« Les Jeux olympiques durent deux semaines alors que la compétition se fait sur une ou deux journées. On a donc pas mal de temps libre. On doit par contre éviter de se fatiguer, de se déconcentrer aussi, pas de tourisme avant les épreuves, ça c'est sûr.  Pour ma part, je regardais pas mal de films car on avait une salle de cinéma dans le village. Avec mes coéquipiers, on allait aussi voir certaines autres disciplines, surtout s'il y avait des québécois qui y participaient. Un souvenir qui me restera longtemps, cette fameuse finale du 100 mètres à Séoul avec Ben Johnson et Carl Lewis alors que j'étais assis dans la section réservée aux athlètes, à quelques mètres de la ligne d'arrivée. La suite de l'histoire Ben Johnson nous a tous affecté dans le village olympique, pas de doute! Je me souviens aussi de quelques matches de basketball endiablés entre les Américains et les Russes de l'époque du bloc soviétique. Quelle chance j'ai eu de voir cela live. »
 
Avez-vous des membres de votre famille qui sont venus vous encourager?
 
« Mon frère Jean-Marie a participé à quatre Jeux olympiques, de 1984 à 1996, avec moi, dans la même discipline. En 1992 à Barcelone, mes parents ainsi que mon frère aîné et sa femme sont venus nous encourager sur place. Nous étions très contents, ils ont toujours été nos supporteurs #1 ! Dès nos débuts, ils venaient nous voir dans les gymnases lorsqu'ils le pouvaient. Mes parents nous ont aussi aidé financièrement lorsqu'on a commencé l'escrime; un 20$ par ci, un autre par là, selon leurs moyens mais juste ce qu'il fallait pour nous aider et nous encourager à poursuivre. »

« En 1996, juste un ou deux jours avant les Jeux, mon frère aîné a acheté 2 billets d'avion pour Atlanta sur un coup de tête, un pour lui et un pour mon père, le tout sans savoir s'il allait pouvoir obtenir des billets pour les épreuves. Il a réussi a trouver des billets pour l'escrime mais aussi pour des matches de foot et quelques autres disciplines. Lui et mon père ne sont restés que quelques jours mais ce fut une heureuse surprise pour Jean-Marie et moi...pour notre père aussi. »
 
Comment votre expérience olympique vous a aidé dans votre après-carrière d'athlète?
 
« Sur mon CV, il est indiqué que j'ai participé à quatre Jeux olympiques. Disons simplement que ça m'a bien aidé lors de mes premières entrevues pour un emploi. Je suis spécialiste en informatique chez IBM. Lorsqu'il y a des pannes majeures, les montées d'adrénaline ne manquent pas, il y a un coté sportif que j'aime bien et qui m'oblige à gérer le stress, les difficultés, les victoires et les défaites. Mon expérience sportive m'est utile à gérer le tout, ça ne fait aucun doute. »
 
Comment allez-vous vivre les Jeux olympiques de Londres?
 
« Je vais être en vacances pendant les Jeux de Londres, je vais certainement passer plusieurs heures devant la télé. Il y a l'escrime que je ne veux pas rater (nous avons trois escrimeurs québécois qualifiés) mais beaucoup d'autres disciplines m'intéressent : athlétisme, volleyball, basketball, l'aviron, etc. J'aime à peu près tous les sports, mais aussi j'aime découvrir les histoires des athlètes, leur parcours, leurs émotions... »

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